La poésie est un état proche de celui de l’enfance. Le poète essaie de rejoindre « la part manquante » Christian Bobin. L’acte d’écrire, de créer ressemble à cette capacité de jouer et d’être pleinement présent. Comme l’enfant, le poète est au-delà du temps. Il joue avec cette part de l’invisible qui est en chacun. Le poème, c’est une parole donnée à regarder, une parole qui souvent touche au plus profond, là où tout est libre. Le poème est une voix et c’est ce qui fait sa force. Tout autre écrit peut être « maquillé » comme on le fait avec le visage, mais la voix, elle, on le sait ne peut être modifiée. Cette voix qui est nôtre nous a été donnée, il faut faire avec. Celle que nous entendons, notre voix intime, n’est pas celle que les autres entendent. Il en est de même pour la poésie, elle est une voix intérieure que l’autre entend forcément autrement. Dire le plus simplement possible le mystère de la parole, pour être des passeurs de l’invisible. Tout poème est le fruit d’une contemplation. Le poète est né initié, car l’écriture poétique ne peut être le désir d’exercer une maîtrise sur soi et sur la vie, elle est un lâcher-prise, elle nous relie à tout. Elle est le souffle puissant de la vie qui agit en nous comme une grâce.
Aux amis poètes.
Au creux du corps
Première solitude
L’écriture lumière du dehors
Transfigure la parole errante
Aux amis peintres.
Aux amis peintres.
La toile le pinceau
En touches de lumière
Les couleurs légères
Pour un émerveillement perpétuel.